samedi 27 mars 2010

Bibliothèques mentales ou écrites ?

Jusqu'à un certain point, les termes de bibliothèque et mémoire ont longtemps été synonymes (1) et on constate aussi que la science mnémotechnique a été trés fortement développée depuis l'antiquité jusqu'à la période de l'apparition de l'imprimerie (il n'était guère étonnant à ces époque qu'une personne lettrée reprenne mot pour mot un discours fleuve de trois heures sans oublier une seule syllabe (2)- qui le ferait aujourd'hui ?). Les passeurs de mémoire et du savoir utilisent selon leur culture une des trois pratiques suivcantes pour préserver et transmettre : les enseignants islamiques se basent dans les Médersas sur la mémoire de leurs élèves pour transmettre le contenu du Coran. Les erreurs sont alors relevées par les maîtres qui les corrigent. Plus approfondies sont les mémorisations des récitations indoues qui sont pratiquées de manières collectives et dont les approximations sont rectifiées de cette même manière collective. Plus tardivement, les copistes de l'antiquité et du moyen âge recopient les ouvrages collectés auprès de voyageurs ou conservés dans des bibliothèques avant que la duplication en grandes séries d'ouvrages imprimés n'assure la nouvelle transmission du savoir. Qu'en sera-t-il ensuite pour les milliards de contenu web, blog, facebook et twitter dans l'avenir ? nul ne le sait mais chacun le pressent : probablement pas grand chose !

En revanche, entre la méthode collective (Inde) et la méthode itérative (Islam et culture occidentale), c'est le collectif qui semble préserver le mieux l'exhaustivité et la qualité du savoir dans le temps. Paradoxal, n'est-il pas ?


(1) Alberto Manguel, La bibliothèque, la nuit, éditions Actes Sud, 2009, page 202
(2) Giulo Camillo, Le théatre de la mémoire, éditions Allia, 2007

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